Les peuples conquérants convoitent des étendues toujours plus grandes. Ils n'ont aucune raison de s'arrêter : les bornes de leur empire doivent se confondre avec les confins de la terre. Il est est de même pour le ciel. L'homme doit conquérir le ciel, s'installer à la place des Dieux. Telle était la fonction des ziqqurat (ou ziggourat) que les suméro-babyloniens avaient construites dans une vingtaine de localités. Ces édifices possédaient des rampes en spirales qui grimpaient d'étage en étage, jusqu'au sommet où se trouvait un temple. Des processions étaient organisées. Il fallait que la base soit très large pour que tous les hommes puissent se trouver en bas, en masses compactes et serrées. L'humanité vivante et indivise, installée sur la terre, montait jusqu'à la demeure des dieux.

Cette prétention est inacceptable pour les auteurs du texte biblique. Il faut que ce soit Dieu qui descende du ciel, qu'il arrête l'entreprise des hommes et les rejette aux quatre coins de la terre, chacun dans sa langue. Il faut que chaque individu ou peuple s'engage dans son destin historique particulier, irréductible et concret. Il n'y a ni pouvoir, ni transcendance absolue. La maîtrise des espaces terrestres et cosmiques ne peut pas être acquise par la conquête, mais par le temps, dans l'aventure d'une alliance.