Quand on sort du cinéma, on a l'impression de s'être ennuyé, qu'il ne s'est rien passé. Une histoire toute simple. Ariel est avocat, comme son père (en droit public et non pas en droit privé). Le père sait qu'il va mourir et essaie de lui transmettre sa clientèle. Mais Ariel refuse : il veut vivre sa propre vie, pas recommencer celle d'un autre. Thème banal : pour être fidèle, il vaut mieux chausser ses propres pantoufles.

Certes, Ariel est marié et a lui-même un fils de 2 ans. A-t-il une mère? Elle n'apparaît jamais. Tout se passe dans les non-dits de la lignée paternelle. On en ressent l'émotion et les difficultés (et la scène où Ariel va dans le bureau de son père après sa mort m'a rappelé le jour où j'ai moi-même fouillé dans les papiers de Papa après sa mort).

Question : mon père, qu'est-il pour moi? Réponse : un mort. Il l'était dès le départ. Evidence freudienne : sa mort est nécessaire pour que je trouve ma place dans une certaine lignée, qui n'est pas celle de l'activité professionnelle, mais du désir inconscient. Dans le cas du film, la filiation est apparemment rompue. Ariel se marie avec une chrétienne, il met son fils dans une école suisse. Il est devenu complètement étranger à la lignée juive de la famille Perelman. On sent qu'à la génération suivante, tout cela aura disparu. Ariel est entré dans une autre alliance, celle qui se poursuivra avec son fils.

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