Pas question d'argent dans ce film. Le film porte sur la crise des discours et de l'échange. L'échange est impossible, clame Michel, et la route ne mène nulle part. L'accident de voiture qui clot le film et cause l'amnésie de Michel est le signe de l'échec des discours. Pas seulement du communisme, car le communisme entraîne avec lui dans la chute la possibilité même du discours. Je ne sais plus pourquoi j'ai fait ce que j'ai fait, ni même si c'est moi qui l'ai fait. D'ailleurs je ne voulais pas jouer au water polo. On m'y a forcé. On m'a entraîné et maintenant, dans l'eau, j'ai perdu mes repères. Je me liquéfie. Il faut gagner, alors je tente de gagner. Mais pour cela faut-il tirer à gauche ou à droite? Faut-il regarder la gauche pour tirer à droite, ou regarder à gauche pour tirer à gauche parce que l'autre pense que je vais tirer à droite? C'est confus mais ça rate.

La vie n'est pas à la hauteur de mes espérances d'enfant et je n'ai plus d'espérance, pas même l'espérance de gagner le match. Je ne suis plus un gagneur, mais un chanteur liquéfié. Ma fille ne m'entend plus, ma mère ne m'a jamais entendu, à cause d'elle je joue toujours au water-polo et je ne fais plus que ça, je ne suis plus rien d'autre qu'un joueur de water-polo...

Ce film est paru en même temps que le Grand Bleu, et lui a été comparé. Sans doute l'élément liquide évoque-t-il la même liquéfaction (du lien social). Pourtant les deux films sont opposés : le silence lourd du Grand Bleu a pour répondant le bavardage vide de Palombella Rossa.