Elle disait qu'elle avait deux pères, Nietzsche et Freud, et ce sont les deux auteurs dont l'autobiographie est déclinée dans le cours "La vie la mort", professé par Derrida en 1975-1976. Elle a toujours refusé d'admettre que Derrida, lui aussi, soit un père pour elle : il fallait qu'il soit plutôt un frère. Il y a entre eux une convergence de lectures, d'intérêts. Chez Nietzsche, elle s'est intéressée à la métaphore, la vie, et ce sont les thèmes qui sont repris par Derrida. Chez Freud, elle s'est intéressée à la spéculation.

Ce qui est sous-jacent chez elle, rarement abordé, c'est sa propre biographie. Toute son œuvre, elle aussi, c'est "Ma vie Ma mort Mon œuvre", c'est son auto-allo-bio-thanato-graphie, jusqu'à son suicide y compris.

Sarah Kofman, de dos, discutant avant Jacques Derrida.

En 1975, elle avait déjà publié sur Freud, Nietzsche, Marx (qui est aussi brièvement abordé par Derrida dans le séminaire). On peut supposer qu'Autobiogriffures était en cours d'écriture. Mais c'est sur l'ensemble de son œuvre qu'il faut raisonner, y compris sur celle qui sera publiée plus tard, dans les années 1980 et 1990. La spectralité ne connaît pas la chronologie.