Pendant longtemps, la performance a existé sans être désignée comme telle. Comme la critique d'art se concentrait sur les objets et non sur les actes, elle ne pouvait pas la percevoir. Pourtant les artistes vivaient déjà leur art, et produisaient des oeuvres qui prenaient pour objet leur propre vie. La succession des styles et des objets ne suffisait pas. Les mouvements cherchaient à résoudre les problèmes auxquels ils se heurtaient par d'autres moyens.

A chaque fois qu'un courant de l'avant-garde arrive à une impasse, il se sert des gestes de la vie quotidienne comme d'une arme contre les conventions de l'art établi. C'est ce qu'on fait les futuristes, les constructivistes, les dadaistes, les surréalistes, le cubisme, le minimalisme, l'art conceptuel, etc... (et aussi avant eux, chacun à sa façon, les réalistes, les impressionnistes, ... et même les artistes de la Renaissance). Chaque mouvement tend à reproduire les objets de celui qui l'a précédé (par exemple les surréalistes réalisant des oeuvres expressionnistes), mais derrière l'objet, une autre idée est déjà à l'oeuvre (par exemple pour André Breton : l'ultime acte gratuit surréaliste serait de tirer un coup de feu au hasard sur une foule).