Derrida
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 25 octobre 2005

 

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CinéAnalyse : Tous orphelins, il faut faire avec

Mon père est si complaisant à l'égard du nazisme que je ne peux faire autrement que de me tuer moi-même ("Allemagne année zéro", film de Roberto Rossellini, 1948)

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Le jeune fils (Edmund) ne supporte pas la souffrance de son père. Comme il est dépourvu de tout, il n'a rien à lui offrir, sauf la délivrance. N'est-ce pas ce que lui-même, le père, demande avec insistance? N'est-ce pas ce que son ex-professeur lui conseille? N'est-ce pas implicitement ce à quoi l'incitent son frère et sa soeur, qui ne font rien pour soutenir la famille? Edmund n'a aucune racine. Quoi qu'il fasse, sa culpabilité est écrasante. Il n'y a plus d'héritage possible. La faiblesse du père n'a d'égale que la lâcheté du frère. Edmund porte à lui seul le poids du monde. Il faut qu'il se débarrasse de son père, ce qui entraîne inéluctablement sa propre mort. C'est comme si son père lui disait : Pour que je sois un père, il faut que tu me tues, et que tu payes le prix de ce meurtre en te tuant toi-même. Tel serait le message du nazisme.

 

 

Commentaire de la Cinémathèque.

Un garçon de 12 ans, Edmund, erre dans les rues de Berlin en ruines après la capitulation allemande. Pendant la guerre, il a dû subvenir aux besoins de sa famille en faisant du marché noir et des trafics divers. Sous influence d’un de ses anciens enseignants, nazi, qui lui a suggéré que la mort de son père malade, « une bouche inutile », serait utile et souhaitable, il a empoisonné son père.

La scène finale, qui se termine par le suicide d’Edmund, décrit sa marche à la mort. La question du jeu est essentielle dans cette séquence. Pendant la guerre, avec les responsabilités écrasantes pour son âge qui ont été les siennes, son enfance lui a été volée et il a été privé de la possibilité de jouer, essentielle à cet âge pour se constituer.

Au début de la scène, il croise sur son chemin un groupe d’enfants plus jeunes que lui, garçons et filles, en train de jouer au ballon dans une rue en ruines. Il essaie d’entrer dans la partie mais se fait rejeter par le groupe : il est trop grand pour jouer avec eux et trop petit pour leur apprendre à jouer. (On trouve une scène équivalente dans le film de Kiarostami La Récréation, où inversement les joueurs sont plus âgés que le personnage). Il reprend son chemin dans les rues désertes et s’arrête pour écouter un prêtre qui « joue » de l’harmonium dans une église éventrée par les bombardements. Il se met ensuite à jouer tout seul à la marelle avec les trous laissés par les obus sur l’asphalte. Plus loin, dans une rue plus animée, il joue à pousser du pied devant lui une pierre (comme le petit garçon au début de Le pain et la rue de Kiarostami). Puis, dans un immeuble en ruines en face de chez lui, il se livre à un jeu d’équilibre dans les gravats. Il trouve alors un objet non identifié qui ressemble à une tête de marteau ou un haut de robinet et s’en sert pour mimer le geste de se tirer une balle dans la tête. Il grimpe les escaliers qui mènent aux étages et se sert du rectangle de lumière découpé au sol par une fenêtre pour jouer « au duel » avec son ombre et l’objet trouvé en guise de révolver. Il se met ensuite à tirer sur les fenêtres d’en face, d’abord au révolver puis avec une pierre.

Après avoir observé le camion plein de cercueils qui vient chercher celui de son père, et sa famille endimanchée qui le cherche, il joue avec une grosse pierre sur le rebord d’une fenêtre. Il enlève alors sa veste d’homme, trop grande pour lui, et joue à se laisser glisser sur une poutre en pente comme sur un toboggan. Il s’approche alors d’une fenêtre qui donne sur sa maison et se laisse tomber dans le vide. Toutes les tentatives de jouer comme un enfant « normal » ont été vaines, et il est dans l’incapacité de grandir et de vivre à cause de l’enfance volée qui a été la sienne, où il n’a pu être pleinement ni un enfant ni un adulte.

 


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zm.Rossellini.1948

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