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TABLE des MATIERES : |
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : en se devant à la mort | CinéAnalyse : en se devant à la mort |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 13 juin 2023 - |
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CinéAnalyse : en nouant vie et mort | Voyage en Italie (Roberto Rossellini, 1954) - Pas d'union d'un couple, d'amour, de famille, sans se confronter aux traditions et à la mort |
CinéAnalyse : en nouant vie et mort |
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C’est un couple anglais qui arrive en Italie. Après la mort de Michael, un oncle de Katherine Joyce1, elle hérite d’une maison proche de Naples. Pour Alexander2, c’est une pure question d’argent : il veut, le plus vite possible, vendre la maison et revenir en Angleterre pour s’occuper de ses affaires. Katherine ne s’intéresse pas plus que lui à cet oncle cultivé, qui s’est installé dans une magnifique villa d’où l’on peut voir le Vésuve, la mer et la ville de Naples. Ils sont accueillis par un autre Anglais, Tony Burton, un archéologue qui se considère, lui, comme l’héritier spirituel de cet oncle qui a financé ses études. Tandis que le couple ne fait que passer, n’accordant qu’une attention distraite aux objets conservés dans la villa, Burton tente de les convaincre (sans succès) de ne pas la vendre. Dès le début, le contraste est posé entre un couple riche dont l’existence commune se réduit à la vie mondaine, et un autre couple, Tony et son épouse Natalie3, qui se passionne pour le passé italien, l’histoire de l’art et la tradition. Tandis qu’Alexander ne s’intéresse qu’à d’autres Anglais rencontrés à l’hôtel, dont son amie Judy, Katherine se souvient d’un jeune homme qu’elle a connu, Charles Lewington, qui lui avait parlé du musée archéologique de Naples4. C’est le début d’une série de visites qui la confrontent, elle aussi, à un passé historique qu’elle ignore : le parc archéologique de Cumes, avec la grotte où la Sibylle prédisait l’avenir5, le volcan de la Solfatare, immense cratère parsemé de projections de fumée et de vapeurs de soufre6, les catacombes de Fontanella7, et enfin les ruines de Pompéi. Chaque fois accompagnée soit par un vieux guide dont elle doit subir les commentaires, soit par Natalia, Katherine pense surtout à l’état de son couple, jusqu’à la dernière visite organisée par Tony Burton. Alexander est présent : c’est la première fois qu’ils font du tourisme ensemble8. |
Katherine, emportée par la foule de la procession de San Gennaro, appelle son mari.
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C’est alors, dans cette visite de Pompéi, qu’arrive le basculement. Ce jour-là, devant eux, les archéologues auront mis à jour la forme d'un couple qui s’enlace9 au moment précis où il est enseveli dans la cendre10. Toute vie sociale étant effacée, les deux êtres sont face à face. Il en ira ainsi d’Alexander et Katherine quand, un peu plus tard, traversant une procession en l'honneur de San Gennaro11, ils s’enlaceront à leur tour, se déclarant mutuellement leur amour. Pendant 8 ans, leur couple bancal était quasiment mort : il n'existait que par la vie mondaine, les obligations. L’événement italien, c’est que la mort ne s’adresse plus à eux indirectement, mais frontalement. Nous sommes mortels se disent-ils tous les deux, quoique nous fassions, nous sommes comme St Gennaro, et aussi comme ces deux habitants de Pompéi à leurs derniers instants, Nous nous devons à la mort. Inutile de se disputer, inutile de divorcer, il est temps de reconnaître qu’entre la mort et la vie, il n’y a pas opposition, mais alliance. Le présent ne compte plus, nous nous inscrivons dans un cycle qui nous dépasse. Au moment où ils se retrouvent, ils acceptent tous deux de faire famille, d'avoir des enfants12 - ce dont Katherine ne voulait pas entendre parler tant qu’elle vivait en Angleterre. Les visites touristiques solitaires acceptées de mauvaise grâce l’auront préparée à cette déclaration de finitude. Le passé existe, elle l’a rencontré, ce qui prouve qu’un jour tout va s’arrêter. La leçon lointaine de l’oncle Michael (son véritable héritage), c’est que nous sommes les maillons d’une chaîne – et tant mieux. Qu’est-ce qui est arrivé pendant ce voyage en Italie ? En quoi l’événement peut-il être comparé au miracle de San Gennaro ? Le Voyage en Italie reste marqué par les années 1950. Dans l’histoire du cinéma, le film précède la quadrilogie d’Antonioni (L'Avventura, La Notte, l'Eclipse, Le Désert rouge, 1960-64), où le couple familial avec enfants n’est plus la solution, mais le spectre à éviter à tout prix – par disparition, indifférence, évitement ou folie. C’est l’un des derniers feux d’une conception classique, conjugale, de la relation amoureuse, où l’amour, idéalement réciproque, reste lié à la procréation. St Gennaro est mort décapité, mais cela n’empêche pas son sang de se liquéfier chaque année. Ainsi la mort ne fait-elle pas obstacle à la vie. Ce n’est pas le dernier moment, la fin d’une aventure, mais un début, une promesse. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 1954.RO.SSE SeDevoirMortGI.LLK CineLVLMKG.LKJ zm.Rossellini.1954 Rang = YRosselliniVoyageItalieGenre = MH - NP |
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