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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : En se protégeant des pensées inouïes surgies du Web | CinéAnalyse : En se protégeant des pensées inouïes surgies du Web |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 23 mai 2023 - |
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CinéAnalyse : En attendant l'"Apocalypse" | Coma (Bertrand Bonello, 2022) - En espérant que d'une pure intériorité, dans les limbes réticulaires de l'apocalypse, quelque chose pourra surgir |
CinéAnalyse : En attendant l'"Apocalypse" |
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CinéAnalyse : en démultipliant les parerga | CinéAnalyse : en démultipliant les parerga |
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Les génériques de début1 et de fin2 se présentent comme la lettre d’un père (le réalisateur) à sa fille, Anna3. Cette lettre en deux parties « encadre » le vécu de la jeune fille, comme son bord, sa marge, ses limbes. Vers la fin, dans les derniers mots, elle en appelle à un autre avenir qui ne continuerait pas ce qui est raconté dans la partie centrale du film, une époque où il fait 50 ou 60° degrés, où les jeunes filles doivent rester chez elle du matin au soir, sans autre communication avec l’extérieur que leur ordinateur. Ce pourrait de la science-fiction, cela pourrait ressembler à un film post-apocalyptique, si ce n’était pas déjà la réalité d’aujourd’hui. Inutile d’inventer pour le spectateur une fin du monde puisqu’il suffit de décrire un quotidien banal, une journée toute simple entre quatre murs d’une chambre plus un4, l’écran qui communique avec d’autres univers familiers, ceux des copines, de l’influenceuse5, des séries, des fictions, des caméras de surveillance, des marionnettes figées, des poupées Barbie en stop motion, des jeux qui se terminent toujours de la même façon (gagner ou perdre), un quotidien sans extériorité dont toutes les composantes ne font que refléter la vie intérieure de la jeune fille. Inutile de montrer des catastrophes, puisque ces univers portent en eux la banalité de l’apocalypse comme on dit banalité du mal, un sentiment d’épuisement, une condensation virtuelle de tous les jours, celle d’une vie restreinte, triste, sans perspective, celle d’un confinement universel comparable à celui de 2020, marqué par la fatalité d’une extinction ou d’un effacement inéluctables.
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Quand elle rêve dans son lit, Anna s'est-elle vraiment détachée de l'Internet?
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Chaque jeune fille est enfermée chez elle, chaque jeune fille ne communique que par les réseaux. Qu’elles discutent entre elles ou sous l’influence d’un tiers, elles vivent enfermées dans un monde clos, dépourvu de libre arbitre, plus proche d’une tombe que d’un habitat. Ce qui les unit n’est pas le divertissement, la joie d’être ensemble [toujours surveillées, sans le savoir, par l’influenceuse], mais une angoisse terrible, insurmontable, dont elles ne parlent pas mais qui pèse, dans leurs relations, plus lourd que les échanges conventionnels sur les films d’horreur, les serial killers, la superficialité ou la séduction féminines6. La seule façon de s’en sortir, dit le générique de fin, c’est de croire en un lendemain, un à-venir tout-autre, qui ne découlerait pas du monde d’aujourd’hui avec son histoire, ses impasses et ses souffrances, mais d’autre chose, de quelque chose qui viendrait d’ailleurs, ou plus probablement, de soi. Il faut avoir confiance en soi répète l’influenceuse, croire en soi, d’ailleurs il n’y a rien d’autre, dans le monde, que le reflet de soi. La voix off (écrite) du père le répète : une histoire qui n’appartient qu’à toi, comme si, pour s’en sortir, il suffisait de reproduire, à l’avenir, le monde actuel des jeunes filles, ce monde sans organisation ni hiérarchie, étranger à la culture, à l’altérité, à l’invention. Comme si la sortie de ce cauchemar, ce film d’horreur, ne pouvait venir que de l’intérieur, les extériorités étant vouées à la répétition du même. Existe-t-il pour ces jeunes filles une autre perspective que ce qui arrive à l’une d’elles, Tess, agressée par un garçon qu’elle ne voit même pas ? Revenue dans l’univers cauchemardesque de ses rêves, Tess racontera plus tard à Anna qu’elle a lutté contre lui avant de chuter mortellement par la fenêtre7. Les jeunes filles sont convoquées par la mort, non pas individuellement comme le personnage de Feu Follet (Louis Malle, 1963), mais collectivement, en tant que classe d’âge (mettons : la génération Z). C’est toute une génération qui est entraînée dans le cauchemar apocalyptique d’un tiers anonyme, par exemple un serial killer, cauchemar dans lequel, malgré les avertissements, elles ne peuvent que séjourner. « Méfiez- vous du rêve de l’autre, car si vous êtes pris dans le rêve de l’autre, vous êtes foutus ! » dit la voix sépulcrale de Gilles Deleuze8. Avec l’aide de Zoom, les jeunes filles qui circulent d’une vidéo de Youtube à une autre habitent ce rêve interdit, aux marges du monde et du cinéma traditionnel. Là où l'inconscient, l'Internet, le réel et le virtuel s'interpénètrent, la notion de libre arbitre n’a plus aucun sens, le philosophe n’est pas plus audible que les savoirs traditionnels, et même la déclaration d’amour du père risque fort de tomber à plat. Encore dans l’adolescence, les jeunes filles qui vivent l’obsolescence du monde sont ensommeillées. Quand elles se réveilleront, nul ne sait ce qui en sortira. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 2022.BO.NEL InternetCheminementsNR.LLK CinemaAvenirGM.MML CineParergaEN.LEK zm.Bonello.2022 Rang = YBonelloComaGenre = MH - NP |
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