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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : en exhibant les failles du pouvoir | CinéAnalyse : en exhibant les failles du pouvoir |
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Angeline Lafauchais - "L'invocation d'autrui", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 14 novembre 2022 - |
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CinéAnalyse : le monde est parti, perdu, effondré | Pacifiction : Tourment sur les îles (Albert Serra, 2022) - Un pouvoir/impouvoir transactionnel, dérisoire, exposé à la dangerosité imprévisible de pouvoirs souverains |
CinéAnalyse : le monde est parti, perdu, effondré |
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C'est une méditation ambiguë sur la question du pouvoir. Ce haut-commissaire basé à Tahiti1 nommé De Roller (sans prénom) qui passe son temps à discuter, négocier, promettre des interventions qui ne lui coûtent rien, faire copain-copain avec tout le monde et n’importe qui, est une étrange figure de l’impuissance. Alors qu’il connaît tous les politiciens du territoire, il n'est pas au courant de ce que prépare son gouvernement. Il accueille un amiral au comportement bizarre, voit débarquer des marins sans raison apparente, mais n’a pas d’autre information que les rumeurs qui courent. Ses expéditions nocturnes pour tenter de repérer la présence de sous-marins (cachés, croit-il, par son gouvernement) ne lui apportent aucune certitude, et même la déclaration finale de l’amiral sur les nouveaux essais semble assez peu crédible2. Tout se passe comme si le film mettait en scène le retour spectral d’une activité nucléaire3 - comme s’il était impossible de l’oublier complètement ou d’en faire ce qu’on nomme habituellement un deuil réussi. Malgré la signature par le France du TICE (Traité d’interdiction complète des essais nucléaires)4, ces essais n’ont pas quitté les esprits de la population locale, qui n’en tire absolument rien de positif, bien au contraire. |
De Roller sur son embarcation, en exploration nocturne, à la recherche d'un sous-marin qu'on lui aurait caché.
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Il y a, au-dessus du « pouvoir » cadré, limité, voire dérisoire de ce haut-commissaire, trois autres puissances qui garantissent son impuissance : - le pouvoir central ou postcolonial qui maîtrise la force de frappe, pouvoir de destruction qui n’est pas seulement virtuel car il touche le milieu, l’environnement5. On ne peut pas discuter avec cette force venue de l’extérieur (ladite «métropole»), qui défend des intérêts géopolitiques exogènes, dont l’envoyé est un militaire à la fois grotesque (l’amiral qui se saoule, qui danse et fait danser) et muet. - le pouvoir du peuple de Polynésie. La seule personne que De Roller refuse de prendre au sérieux est le jeune Matahi, représentant des populations locales qui affirme que, quoi qu’il arrive, il agira. Par leur aspect, leur corps tatoué et nu, leur comportement taciturne, leur étrangeté6, leur rapport différent au pouvoir (cf la danse qui imite le combat de coqs), ces gens sont incontrôlables, incalculables. - le pouvoir des autres puissances impérialistes qui pèsent d’autant plus lourd qu’on ne comprend pas leur attitude. Ils sont encore plus souverains, encore plus imprévisibles que les autres, car encore plus extérieurs. Perdu, balloté dans une ambiance de flottement, de glissement, de noyade progressive d’un monde7 où ces puissances anciennes pourraient être sur le point de s’effondrer, le haut- commissaire est celui qui manque le plus de souveraineté. Il est légitime, respecté de tous, mais ces privilèges masquent son impuissance et sa vacuité. Même s’il se tient bien droit dans son scooter, il peut à tout moment être emporté par les vagues. En invitant les populations à dialoguer avec ce faux négociateur en costume de lin blanc, cette espèce de baudruche à la chemise ouverte, cet homme politique sans politique, cet imposteur sincère aux espadrilles oranges, on espère qu’aucune protestation ne gênera vraiment les sphères décisionnelles, mais on est loin d’en être sûr. Le monde tahitien tente de résister, comme il tentait de résister lors des tournages précédents aussi apocalyptiques l’un que l’autre, Tabu (Friedrich W. Murnau et Robert Flaherty, 1931) et Les Révoltés du Bounty (Lewis Milestone, 1962)8, premiers témoignages de destruction d’un monde ancien. Condamné dès le départ, toujours exposé au risque de chuter encore plus bas, tout ce que peut faire celui qui reste malgré tout le représentant de l’autorité, c’est de se transmettre à lui-même des doléances qui n’iront pas plus loin. Dans cet univers, y a-t-il encore quelque chose qui puisse aller plus loin ? |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 2022.SE.RRA CinePouvoirDI.LKJ CinePorterGT.LMO zm.Serra.2022 Rang = ZSerraPacifictionGenre = MH - NP |
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