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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : les films, louanges de l'inconscient | CinéAnalyse : les films, louanges de l'inconscient |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 9 août 2022 - |
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CinéAnalyse : en laissant les dettes insoldées | Earwig (Lucile Hadzihalilovic, 2021) - Dans un film-cauchemar, la petite fille se retire après avoir payé le prix des blessures, cicatrices et souffrances que les autres se sont infligées |
CinéAnalyse : en laissant les dettes insoldées |
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CinéAnalyse : En fissurant la crypte | CinéAnalyse : En fissurant la crypte |
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Comme tel, l’inconscient n’est pas représentable. On peut toujours tenter de l’imaginer, on peut y faire allusion par forme, figure et montage, il résistera toujours. Mais qu’il ne puisse pas être représenté n’implique pas qu’il n’habite pas les films, au contraire, il peut les inspirer, les animer, les contaminer – et plus d’un critique a signalé le lien étroit entre cinéma et psychanalyse. Avec le film de Lucile Hadžihalilović1, il semble qu’on aille encore plus loin que la contamination. Ce que nous avons devant les yeux n’est pas l’inconscient (ce qui serait impossible), c’est comme l’inconscient2. Tout se passe comme si nous avions pénétré par une porte dérobée au lieu sensible où les refoulements se croisent. Bien entendu nous n’y comprenons rien ou quasiment (si nous comprenions, ce ne serait pas l’inconscient), nous devons faire avec quelques fragments, quelques traces. Il y a un conflit entre un homme (Albert Scellinc) et une femme (Céleste3) qui s’infligent mutuellement des blessures, et il y a une petite fille absolument solitaire, Mia, qui vaille que vaille continue à vivre (ou survivre), enfermée dans ces conflits, dépendant chaque jour du bon vouloir de cet Albert qui pourrait éventuellement être son père4 ou de forces inconnues. Chaque jour, il faut monter et descendre les mêmes marches, entrer et sortir des mêmes pièces sombres5, jouer avec les mêmes jouets – et en outre, en plus, sans explication ni justification, il faut que son gardien Albert lui remplace les dents sans lesquelles elle ne pourrait pas manger. Il lui pose des dents de glace6 faites de salive gelée, qui fondent dans la journée7. Le jour8 où, obéissant aux ordres du « maître », elle sortira de cette prison9, ce sera pour être abandonnée, laissée seule dans une sorte d’orphelinat. |
Dans la scène finale, l'enlacement désespéré du couple.
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La vie d’Albert est entièrement organisée autour de Mia11 – sauf un étrange intérêt pour les objets en verre qui lui rappellent son passé12 (une mère, une épouse décédée) et quelques visites pour boire une bière au bar du coin. Il obéit à ce qu'il appelle son maître, dont on peut deviner ou imaginer qu’il n’est pas son supérieur hiérarchique, mais la figure de ses propres pulsions13. Entre la femme, plus céleste, et Albert qui s’occupe des tâches matérielles, il pourrait y avoir un contraste, mais rien n’est moins sûr. En tous cas le jour où Céleste, qui semble occuper la fonction de serveuse au bar où il se rend tous les jours, lui propose gentiment une boisson, il casse sa bouteille de bière et la blesse violemment au visage14. Après cela un homme mystérieux, Laurence15, qu’Albert semble connaître, soutient Céleste. Il l'accompagne à l'hôpital, annonce qu’il lui procurera les meilleurs soins. Mais le résultat est atroce : une profonde cicatrice, indélébile, sur sa joue. Laurence propose à Céleste de la ramener chez lui, mais en voyant Albert passer dans un train, Céleste le laisser tomber16. Le film se termine par le départ de Mia, avec son manteau rouge et sa petite valise. « On s’est bien occupé d’elle » dit Albert17 à l’homme en blouse blanche qui l’accueille. « Tout est comme il se doit » répond l’autre. « Tu ne dois pas avoir peur » dit-il à la petite fille en observant ses dents qui brillent comme du verre18. Dans la scène finale, Albert semble s’éloigner de l’orphelinat, mais soudain son chemin s’inverse19, il s’en rapproche. En face de lui se trouve Céleste, qu’il nomme : Marie, comme si ses souvenirs lui revenaient tout à coup. La vraie mère de Mia est-elle cette Marie ? Il sourit20 en s’approchant d’elle, mais elle lui déchire le visage d’un coup de couteau. Ils s’enlacent, comme un vieux couple qui ne peut plus se séparer. La vengeance de Céleste-Marie aura pris la forme d’un baiser-morsure quasi vampirique. Tandis que Mia est enfin en sécurité, la femme-mère-serveuse inflige à Albert21 une cicatrice analogue à celle qui l’a défigurée. Ce film énigmatique, fascinant, nous donne l’impression de voyager dans l’inconscient d’une enfant. C’est sa grande réussite. Il est possible que rien de tout cela ne soit « réel »22, et que Mia se réveille le lendemain matin dans la plus banale des familles. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 2021.HA.DZI InsuInconscientFH.KLK AlexandraVenirEM.MML ArchiOeuvreReferentDN.KJD zm.Hadzihalilovic.2021 Rang = YHadziEarwigGenre = MH - NP |
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