![]() |
|||||||||||||||||
Lire Derrida, L'Œuvre à venir, suivre sur Facebook | Le cinéma en déconstruction, suivre sur Facebook |
TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
|
||||||||||||||||||
![]() |
L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
![]() |
|||||||||||||||
Sources (*) : |
![]() |
CinéAnalyse : le deuil impossible | CinéAnalyse : le deuil impossible |
![]() |
||||||||||||||
Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 25 avril 2022 - |
![]() |
CinéAnalyse : Deuil de traces qui s'effacent | Vortex (Gaspar Noé, 2021) - Mourir déjà mort (ou presque), sans laisser de trace, altère la possibilité du deuil |
CinéAnalyse : Deuil de traces qui s'effacent |
![]() |
|||||||||||||
![]() |
Orlolivre : comment ne pas se dire : "Je suis mort" ? | Orlolivre : comment ne pas se dire : "Je suis mort" ? |
![]() |
|||||||||||||||
Pour l'acquérir, cliquez sur le livre
|
Le thème du film est l'effacement des traces, comme en témoigne son titre : Vortex [1]. Le vortex est un tourbillon qui entraîne tout vers le fond, fait tout disparaître. Dans le film, c'est celui des W.C. : la mère [2] y jette les textes en cours d'écriture par le père [3], puis les médicaments qu'elle ne sait plus prescrire, et qu'elle n'aura plus à utiliser. Son esprit atteint par la maladie d'Alzheimer [4] est confus, mais elle peut encore comprendre que, pour elle comme pour l'autre, il n'y a plus d'avenir, tout doit disparaître. Le père a écrit toute sa vie : il ne faut plus écrire. La mère a soigné toute sa vie : il ne faut plus soigner. Est-elle pour autant consciente de son état ? Ce n'est pas clair. Elle reste entre les deux, ni consciente, ni inconsciente ou plutôt consciente d'une seule chose : il faut accepter la mort dans sa netteté, sa brutalité, sa violence, sans aucune fioriture ni rituel. Entre la vie et la mort, il ne peut pas y avoir de transition, on passe directement de l'un à l'autre. Mourir par suicide, de maladie ou de vieillesse, c'est la même chose. La psychiatre semble avoir perçu et accepté en elle la déchéance inéluctable [5]. À la fin du film l'appartement est vidé. Ce lieu archi plein, débordant de souvenirs, ne contient plus un objet, plus une photo, plus un livre, plus une fleur, plus une affiche, plus une cassette VHS, etc. Le lieu de pensée, l'antre des intellectuels, s'est transformé en appartement banal à louer. De leur vie commune, il ne reste qu'un fils en pleurs, culpabilisé par l'échec de sa propre vie et son incapacité à prendre en charge le déclin de ses parents. |
![]()
Tout le film est tourné au présent. Le split-screen [6], qui montre séparément le père et la mère en caméra subjective, respecte le lieu mais efface le contexte temporel. On ne sait presque rien de l'histoire de ce couple, de cette famille restreinte apparemment composée de seulement quatre personnes : le père, la mère, le fils Stéphane et le petit garçon de trois ans, Kiki [7]. Le passé qui reste non-dit, non-explicité revient de la façon la plus inattendue, par le jeu violent de l'enfant qui fait s'entrechoquer les petites voitures. Ce choc est brutal, difficile à entendre même pour le spectateur. Il rappelle douloureusement la responsabilité des parents à l'égard des enfants [8]. Vivre au présent n'efface pas la dette [9]. Dès le générique, le film insiste sur le lien étroit entre acteurs et personnages. Leur nom est suivi de leur (véritable) date de naissance : Dario Argento né en 1940, Françoise Lebrun née en 1944, Alex Lutz [10] né en 1978. En improvisant la plupart des dialogues [11], ils inscrivent dans le film leur personnalité et aussi leur langage. La mère bredouille souvent, comme le réalisateur le lui a demandé, mais parfois prononce des phrases à elle ou pleure spontanément; le père hésite sur les mots, comme un Italien qu'il est [12]. S'il ne reste rien de ce couple, si le survivant ne peut s'attacher ou s'identifier à aucune marque de leur vie, alors le deuil est inarrêtable, infini [13]. Ne pouvant jamais "positiver" cette disparition, Stéphane continuera à pleurer, il paiera pour toujours le prix de ces décès sans suite, il continuera à se droguer au vu et au su de son propre fils qui en paiera à son tour le prix, peut-être sans le savoir. Quand on meurt sans souci de vie [14], déjà mort, on ne laisse rien à quoi l'autre puisse s'attacher [15]. Ce n'est pas un hasard si Stéphane choisit d'incinérer ses parents plutôt que de les enterrer. Une fois annihilé leur chez soi si vivant, il ne reste d'eux que des cendres et la case d'un colombarium [16]. Stéphane fait lui-même remarquer à Kiki que cette case n'est pas une habitation. Ils ne sont pas en voyage, ils ont disparu pour de vrai. Au-delà du couple, le film [17] invite à une autre interprétation, ancrée dans l’histoire. Qu’est-ce qui a disparu ? Est-ce seulement ce couple de la génération d’après-guerre ou toute une époque avec ses combats, son esthétique, sa culture ? L’attrait pour les arts d’avant-garde, les luttes pour l’avortement, contre l’apartheid, pour l’égalité, disparaissent-elles avec lui ? Et les films auxquels les personnalités de Françoise Lebrun (La Maman et la Putain, 1973) et de Dario Argento (Profondo Rosso, 1975) sont indissolublement liées sont-ils eux aussi emportés dans le vortex ? Ce serait alors toute une génération (voire plusieurs) qui serait menacée par l’angoisse, l'altération du deuil. |
|
|||||||||||||||
|
||||||||||||||||||
Création
: Guilgal |
|
Idixa
|
|
||||||||||||
Films CinemaChrono 2021.NO.ENO CineDeuilGG.LDD CineTraceFH.KJD ProjCinemondeEN.LKJ zm.Noé.2021 Rang = ZNoeVortexGenre = MH - NP |
|||||||||||||||