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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 16 juin 2021

 

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CinéAnalyse : En clôturant le cercle

"Invasión" (Hugo Santiago, 1969) - Où la liberté la plus absolue et l'inconditionnalité la plus pure rejoignent la clôture la plus close

CinéAnalyse : En clôturant le cercle
   
   
   
                 
                       

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C'est l'histoire du sacrifice d'un petit groupe d'hommes en attendant l'"invasion", cette chose ambigue qui est à la fois irruption de l'extériorité (violente, armée) et révolte populaire. Don Porfirio ne cache pas qu'il veut surtout gagner du temps. et les hommes en question ne sont pas dupes. Ils vont vers la mort.

Ils se croient seuls, mais ils ne sont qu'un petit groupe à mourir pour Don Porfirio - c'est-à-dire pour la résistance à une dictature brutale. Don Porfirio avait tout prévu, y compris qu'à la fin, "ils" ne viendraient pas le tuer car "ils" le croient seul.

Qu'est-ce exactement que Don Porfirio, cette figure de pure pensée qui ne parle qu'à son chat? Il est le seul à ne pas combattre physiquement (l'exception), apparemment fragile et doux, figure semi-animale lui-même. On ne lui fait pas confiance à 100%, mais il est la source de la confiance. Il incarne le principe vis-à-vis duquel on ne peut pas transiger.

Ces personnes qui vont tout droit à la mort sont aussi intransigeantes que désespérées. Elles se sacrifient pour une ville qui ne se défend pas elle-même (du moins c'est ce qu'elles croient). Ce sont des personnes de la ville, des personnes quelconques, et en même temps des figures abstraites, elles-mêmes exceptionnelles. Elles restent libres jusqu'à la dernière seconde, de venir ou de ne pas venir, d'agir ou de ne pas agir. Mais c'est une liberté singulière qui ne leur laisse aucune marge de manœuvre.

L'un des fils conducteurs du film est le couple Irène / Julian Herrera. Tous deux travaillent pour don Porfirio, mais il fait partie du groupe Nord (les vieux), qui sera sacrifié, tandis qu'elle fait partie du groupe Sud (les jeunes), qui prendra le relais. La dissymétrie du couple, c'est que lui ignore qu'elle est engagée. Elle le sait, mais (à la demande de don Porfirio), ne lui dit rien. Dans ce couple où ils se disaient tout, c'est la politique qui prévaut.

 

 

Le scénario de ce film a été écrit par Borges et Bioy Casares, comme celui de Les autres, un film que Hugo Santiago réalisera quelques années plus tard.

Synopsis (d'après Wikipedia) :

1957 à Aquilea, une ville portuaire grise et usée (dont le plan est un assemblage de morceaux de Buenos Aires), où l'on aime le football, boit du maté et chante le tango. Don Porfirio, un vieux monsieur qui vit avec son chat noir Wenceslao N, dirige des opérations de résistance face à de mystérieux envahisseurs en costumes clairs, qui s'infiltrent dans la ville dans l'indifférence générale. Son but premier est de gagner du temps. Il envoie le groupe de Julián Herrera à la frontière Nord, pour détruire un camion contenant un poste émetteur.

Les résistants, des petits bourgeois mélancoliques, qui n'ont pas peur de la mort, obtiennent quelques succès mais sont tués les uns après les autres. Herrera commence à penser que la lutte est vaine et aspire à une vie normale avec sa fiancée Irene. Il ne sait pas que celle-ci travaille également pour don Porfirio : son équipe, celle du Sud, se prépare à prendre le relais.

« Invasión est la légende d’une ville, imaginaire ou réelle, assiégée par de puissants ennemis et défendue par quelques hommes qui, peut-être, ne sont pas des héros. Ils lutteront jusqu’à la fin, sans se douter que leur bataille est infinie. » Jorge Luis Borges.

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En 1978, pendant la dictature argentine, huit bobines du négatif original sont volées à Buenos Aires. En 1999, Hugo Santiago et Ricardo Aronovich reconstruisent l’original à Paris. En 2002, le film devenu culte ressort en Argentine (où Hugo Santiago fait l'objet d'une rétrospective lors du BAFICI), en France (où il est à l'honneur au Festival Biarritz Amérique latine), et aux États-Unis (où il est diffusé au MoMA). En 2008, le Musée d'Art latino-américain de Buenos Aires édite un double DVD du film en espagnol, français et anglais.

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Ce film conceptuel mêlant les genres, à l'esthétique élégante inspirée du film noir, au montage musical et au climat sonore inquiétant, a donné lieu à de nombreuses interprétations : quelle est cette invisible menace, qui sont ces mystérieux envahisseurs ?

L'indication initiale, « Aquilea 1959 », brouille les pistes : Invasión est un témoignage sans référent. Mais dès sa sortie, le film n’a cessé de se charger de sens, de déborder sur l’Histoire de l'Argentine. Beaucoup y ont vu une allégorie politique contre la menace fasciste ou impérialiste, trouvant des échos dans le Cordobazo et la lutte des Montoneros contre la dictature de Juan Carlos Onganía, voire dans la dictature militaire à venir.

De façon plus générale, le film évoque aussi la peur de l'étranger, de la nouveauté, de la modernité, de la perte des valeurs, de la dépersonnalisation. « Le sujet de ce film est le temps, quand il n’est plus l’Histoire. » Alain Touraine, juillet 1969.

 


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1969.SA.NTI

IncondOeuvrer

ES.LLK

CercleCloture

MN.LLK

zm.Santiago.1969

Rang = YSSantiagoInvasion
Genre = MH - NP