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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : En renonçant à la possession, au propre | CinéAnalyse : En renonçant à la possession, au propre |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 23 novembre 2019 - |
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CinéAnalyse : en se gardant de toute appartenance | Belle (André Delvaux, 1973) - Je dois, pour sur-vivre, me dépouiller de tout ce qui m'appartenait : identité, culture, personnalité, profession, croyances, etc. |
CinéAnalyse : en se gardant de toute appartenance |
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CinéAnalyse : En laissant se faire le retrait | CinéAnalyse : En laissant se faire le retrait |
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CinéAnalyse : En s'aventurant pour plus que la vie | CinéAnalyse : En s'aventurant pour plus que la vie |
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C'est l'histoire d'un homme qui ne sait pas encore qu'il ne supporte plus son mode de vie. Au début du film, il peut encore croire que tout va bien, il peut encore attacher une certaine importance à son train-train, ses recherches, ses archives, ses conférences, ses amis. A la fin du film, il s'est retiré de tout : sa famille, sa profession, son savoir, son amour, son éthique, sa maison, sa femme, sa banque, son travail, ses relations, son environnement social et même sa fille qui va se marier avec un jeune homme dont les idées sur la poésie ou la littérature prennent le contrepied des siennes (mais à ce moment-là, il se fiche aussi des idées, il se retire aussi de la littérature). Sa fille, au moins, elle aura quitté à temps cette petite ville de Belgique. Comment en est-il arrivé là ? Il suffit d'une occasion, d'une rencontre qui aurait pu être rapidement oubliée, pour déclencher son départ. Dans son état, la chose la plus futile peut faire événement. Quand elle arrive, il s'y jette sans aucune précaution, incapable de se dissimuler, de réfléchir à ce qui lui arrive et de mettre au point une stratégie, quelle qu'elle soit. Ce n'est même pas une fuite : c'est un acquiescement à ce qui, de toute façons, était déjà inscrit. Ça lui est arrivé sans qu'il le cherche, sans aucune anticipation. A un monde circulaire, fermé, il fallait trouver une extériorité, et dès qu'un tout petit trou s'est présenté, il s'est transformé en ouverture béante, en appel si exigeant qu'il ne pouvait même plus être dissimulé. À peine apparue, cette faille occupait déjà tout l'espace. |
Mathieu Grégoire se rendant compte qu'on l'a dépouillé de tout.
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C'est venu de l'extérieur, d'un seul coup : un choc nocturne sur sa voiture, une glissade, une flaque de sang. Il n'avait aucune raison d'aller là, il fallait juste qu'il s'occupe un moment, qu'il décharge un surcroît d'énerge, qu'il roule, qu'il fasse un tour dans la forêt. Il se sent coupable et en parle à sa femme. Et puis de nouveau trois gouttes de sang sur la table - il a presque déjà décidé d'aller voir. Un tableau, une image de femme, un sexe, quelque chose d'innommable dit Victor, son collègue et ami-ennemi. Il repart dans la forêt sur ses propres traces, prend un fusil de chasse, suit un chien jusqu'à une maison en ruine apparemment habitée. Le chien est blessé. Puis c'est la rencontre : une femme qui s'empare de son fusil et tue le chien qui souffre. La rupture a eu lieu, il est passé de l'autre côté. Son ancien cycle de vie, familier et répétitif, son chez-soi dont il ferme le verrou tous les soirs depuis 15 ans, est définitivement mort. Il rentre chez lui où Victor est encore avec sa femme (contraste impressionnant entre les deux : l'un très grand, l'autre tout petit), tandis que lui, déjà, est amoureux de l'autre femme qu'il n'a vue que de loin. C'est son épouse qui récite : Toute douceur d'amour est détrempée de fiel amer et de mortel venin (Maurice Scève, 16è siècle), et lui qui répond : Je vis je meurs je me brûle et me noie (Louise Labé, 16è siècle). Il faut survivre, sur-vivre et l'évidence d'une autre vie s'est déjà imposée à lui. Il y a bien sûr dans cette histoire une dimension de désir pour la belle inconnue qui semble entendre ce qu'il dit, mais ne répond pas. Il y a aussi un penchant incestueux pour sa propre fille, avec ses caprices, ses mini-jupes et son mariage annoncé, il y a encore le démon de midi qui saisit l'homme qui approche de la cinquantaine, la ringardise qui menace le spécialiste de poésie médiévale alors que la jeunesse s'intéresse plutôt à Barthes ou Genette. Il en rêve la nuit, mais pour courir dans la forêt, pour se mettre au service de cette étrangère muette, pour mentir effrontément à tout son environnement (personne ne le croit), il faut encore autre chose. Mathieu aurait dû savoir dès le départ que la trahison de Belle était inéluctable, mais il ne pouvait pas l'entendre car il avait déjà fait le deuil de lui-même. Il ne renonçait pas à une appartenance pour une autre appartenance, à une propriété pour une autre propriété, il faisait le pas de plus, le pas de trop qui le conduirait à se trouver sans rien, ni appartenance ni propriété. Il fallait qu'il passe par ce lieu vide pour accéder à un autre lieu plus propice. Dépouillé, humilié, il aurait peut-être une chance de sortir du cycle. Quand le film s'arrête, alors seulement peut s'ouvrir un après. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 1973.DE.LVA CineExapropEF.LEF CineCommunGL.LKM NataRetraitFL.KJD StephanePlusVieEE.LEE zm.Delvaux.1973 Rang = YYBelleDelvauxGenre = MH - NP |
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