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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : En disant "Je suis mort" | CinéAnalyse : En disant "Je suis mort" |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 24 avril 2019 - |
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CinéAnalyse : En s'aventurant pour plus que la vie | Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1962) - Il aura fallu, pour commencer à vivre, un événement qui s'ajoute à l'implacable écoulement du temps |
CinéAnalyse : En s'aventurant pour plus que la vie |
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CinéAnalyse : en donnant corps à un pas - au - delà de l'être | CinéAnalyse : en donnant corps à un pas - au - delà de l'être |
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Cinquante ans après, Agnès Varda résumait son film en une phrase : une jeune femme en danger de mort rencontre un jeune homme en danger de mort. Tous deux sont confrontés à la possibilité de la mort. La cause est-elle vraiment importante? Pour la première ce serait un cancer, et pour le second la guerre d'Algérie. En tous cas c'est une question de temps : temps gagné sur la mort, temps perdu sur la vie, ou supplément de temps passé ensemble. Le film dure une heure trente : c'est un laps de temps comme on dit. Laps = Mot qui n'a que le singulier et ne s'emploie qu'avec temps : laps de temps, espace de temps. Etymologie : Lat. lapsus, écoulement, chute, de labi, s'écouler (Littré). (En latin, lapsus, qui signifie chute, est employé familièrement pour désigner une faute, une erreur, un défaut). Mourir aussi jeune, c'est manifestement un défaut, un lapsus. Nous sommes en danger de mort, nous nous devons tous à la mort, mais dans certaines circonstances la dette peut changer de sens : la proximité de la mort nous doit quelque chose. Le film tient tout entier dans cette inversion. Le changement est fragile, incertain, il ne tient qu'au film mais il déborde le film. Le film dans le film est une sorte de métonymie de ce dépassement. Il y a dans les Fiancés du pont MacDonald une surenchère dans le débordement. C'est une histoire d'amour qui, pour bien finir, doit en passer par un convoi funèbre. Il faut ce simulacre de mort pour revenir au point de départ, avec quelque chose en plus : le film. Cléo circule elle aussi dans Paris. Elle aussi va vers la fin mais quelque chose en reste : un tour de promenade gravé sur des bobines. Elle se sait malade, bien sûr, depuis le départ, mais le risque de mort, il fallait qu'elle le vive autrement que dans cette vacuité. En jetant sa perruque, en mettant sa petite robe noire, elle appelle autre chose. La déambulation dans Paris change de sens. Limité dans le temps, le trajet a plus de poids que tout ce qu'elle avait fait auparavant. Il ne s'y est rien passé, juste un peu de bavardage. Il semble que tous les dialogues, y compris le texte des chansons, aient été écrits par Agnès Varda, âgée à l'époque de 32 ans. C'est l'autobiographie d'une jeune femme qui aura déjà vécu un cycle de vie. Elle ne connaissait pas grand'chose au cinéma, dit-elle, mais elle a parfaitement maîtrisé la réalisation de ce film. Comme tous les grands classiques, il survit et il survivra après elle. |
Ayant revêtu sa robe noire, Cléo arrache sa perruque et dit : Si je pouvais m'arracher la tête avec!
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Partons des derniers dialogues de la dernière scène : - Le médecin (à Antoine) : Il ne faut pas vous inquiéter outre mesure. Nous allons nous occuper de votre sœur avec beaucoup d'attention. Elle aura un traitement un peu fatigant mais je pense qu'après deux mois de rayons, tout ira bien. Elle vous tiendra au courant mais vous pourrez m'écrire si vous le désirez. A demain mademoiselle, venez vers 11 heures je vous indiquerai la marche à suivre. (La voiture du médecin s'éloigne. On voit les visages stupéfaits d'Antoine et Cléo côte à côte, ils regardent la caméra). - Cléo : Pourquoi ? - Antoine : Je regrette de partir, je voudrais être avec vous. - Cléo : Vous y êtes. Il me semble que je n'ai plus peur. Il me semble que je suis heureuse. (Ils marchent). (L'horloge de l'hôpital sonne la demie de 18h). (Ils se regardent). (Le noir, sans générique de fin). --- Il semble que le noir de la fin, l'absence de générique final, indiquent qu'elle ne survivra pas, qu'elle mourra, et pourtant quelque chose est arrivé, quelque chose qui l'a rendue heureuse. Elle ne pouvait pas s'attendre à cet événement-là, venu en plus, qui l'a transformée dans les derniers trois quarts d'heure. Ce que nous dit le film, c'est que ce qui compte, c'est ce plus, ces 45 minutes qui sont aussi la moitié de la durée du film. En tant qu'œuvre et en tant qu'histoire, le film dit qu'il est ce qui compte. Après ce film, Agnès Varda aura vécu encore 57 ans (un nombre premier), et tout se passe comme si le temps du film, une heure et demie, valait aussi pour ces 57 ans, ou comme si ces 57 ans ne correspondaient qu'à la durée d'un film, de ce film-là et pas d'un autre, le supplément de vie d'Agnès Varda qui aura conduit une jeune femme jusqu'à sa dernière heure. Que pour Cléo le supplément ne dire que 45 minutes et non pas 57 ans ne change rien au fond du problème. La question du film, c'est la question de ce qui, pour vivre, vient en plus de la vie. Le verdict est prononcé à l'avance par la cartomancienne, tout est prévu et déjà anticipé à l'intérieur du premier chapitre qui contient le générique. Oui c'est grave, mais il ne faut rien exagérer dit la tireuse de cartes. Plus tard, le médecin dira : Ne vous inquiétez pas outre mesure. Cléo est condamnée à mort, mais ce n'est pas dramatique, après tout elle n'est qu'une jeune chanteuse plutôt belle mais assez frivole, sa survie est moins importante que celle de tous les autres, les spectateurs, les acteurs et aussi la réalisatrice. Il ne faut rien exagérer, il faut juste aller jusqu'à la fin (du film). Sauf que c'est elle, toute seule, qui va prendre une première décision, vers 40'45 : elle ne supporte plus les chansons mièvres, les blagues des musiciens, elle se révolte. "La séance est finie" dit-elle avant de se débarrasser de sa perruque. Tout le monde se rend compte qu'elle ne joue plus la comédie : Solange la domestique, Bob le musicien, Maurice le plumitif. Ils se taisent. Ce n'est déjà plus la même personne. Et après il y a une seconde décision : entamer la conversation avec ce jeune homme inconnu rencontré dans le parc Montsouris. En général elle ne répond pas à ce genre d'interpellation, mais là c'est autre chose, il faut qu'elle écoute, il faut qu'elle parle. Il y a un autre verdict qu'il faut accepter, et c'est ce second verdict qui nous importe le plus. C'est la rencontre, la surprise, le changement de direction, une énigme, une transformation profonde de tout son être. Le minutage du film donne l'idée d'un calcul, de l'avancée inexorable d'un temps linéaire. Mais cette rigueur ne vaut que par l'irruption d'un tout autre, un incalculable. Le temps linéaire, réel, du film, n'a pas d'autre justification que de mettre en valeur la rupture du cycle. On se demande si Cléo, involontairement, n'aurait pas désiré et provoqué cette maladie à seule fin de casser un cycle encore plus mortifère pour elle. Il fallait que cet événement soit grave, qu'il soit littéralement mortel, pour déstabiliser le déroulement linéaire de cette pseudo-vie qui n'en était pas une. La maladie est un acte de naissance, l'événement supplémentaire qui fait venir un être nouveau unique, original. Cléo n'avait pas d'enfant, et peut-être même pas de rapport sexuel avec José. Or la maladie est arrivée dans son ventre. L'avantage, dit-elle, c'est que ça ne se voit pas : une grossesse invisible qu'on peut aussi entendre comme une auto-fécondation. C'est là, et pas ailleurs, qu'elle aura fait venir l'objet fatal qui allait, dans le même mouvement, la condamner et la sauver. Rien de chrétien dans ce film, et rien de religieux : juste un jeu entre l'œuvre et le temps. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 1962.VA.RDA ProMortRL.LLK StephanePlusVieMD.KDL PasDelaEparEJ.LDD zm.Varda.1962 Rang = zVardaCleoGenre = MH - NP |
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OrloDecons - Die Welt ist fort OrloDecons : Mourir vivant |