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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 24 mars 2018

 

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CinéAnalyse : tu dois mourir vivant

L'Arrangement (Elia Kazan 1969) - Plutôt que ce qu'on m'impose, je préfère être ce que je respecte vraiment, moi-même, rien

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Qui est Eddie? Evan Arness est son nom de plume, il se fait appeler Eddie Anderson dans la vie courante, alors que son nom de naissance, toujours utilisé par son père, est Evangelos Topouzoglou. Il y a là une double dimension autobiographique, celle du réalisateur Elia Kazanjoglous, dit Elia Kazan et né Elias Kazantzoglou, et celle de l'acteur Kirk Douglas qui a fait légaliser son nom de scène en 1942, à l'âge de 25 ans, mais est né Issur Danielovitch et a grandi sous le nom d'Izzy Demsky. Ces changements renvoient eux aussi à l'histoire d'Abraham, né Abram : pour changer de vie, il faut aussi changer de nom. Ce n'est pas seulement une question d'identité ou de filiation, c'est une question d'ouverture à l'avenir. Isaac, fils d'Abraham, est quand même revenu se marier au pays, et Jacob le fils d'Isaac aussi. Changer de nom ou de mode de vie ne libère pas des anciens liens. Tel est le drame d'Evans - Eddie - Evangelos.

Dans cette histoire, seul Eddie est tributaire d'une généalogie. Ni Florence, ni Gwen ne semblent avoir d'ascendants auxquels elles doivent rendre des comptes, ce qui ne les empêche pas d'être les représentantes de l'ordre. Eddie-Evangelos reste le fils de son père tout en le reniant. Entre une fille adoptée avec laquelle il n'a aucun rapport et un fils dont Gwen ne lui confirmera jamais qu'il est le père, il est incapable d'assumer une descendance. Mais cette position de flottement dans la généalogie est aussi celle qui lui permettra d'accomplir son geste. L'accident est la concrétisation de cette liberté.

Quand Eddie Anderson lâche le volant, la décision est-elle déjà prise? Ou est-elle en train de se prendre? En tous cas, ce n'est pas seulement le volant qu'il lâche, il se lâche, il sourit, bientôt il va avoir un "accident" qui sera un "événement" dans sa vie, un événement sans précédent, absolument imprévu et inconditionnel.

 

 

On trouve dans ce film un syndrome assez fréquent au cinéma, qu'on pourrait appeler la déligature d'Abraham : quitter sa famille, sa tradition, la morale héritée de son père, pour s'engager dans une autre direction absolument incompréhensible pour les proches, ressentie comme scandale, folie, trahison. La rupture ne commence pas par une décision, mais par un appel venu d'un "autre" inconnu, invisible. La personne ne décide rien, mais ne peut pas se soustraire à cette décision. Dans le film, Eddie se trouve sur l'autoroute entre deux camions. Il lâche le volant, laisse quelques instants la voiture se conduire toute seule, et d'un seul coup la décision se prend : il fonce sous le camion. Son acte, c'est qu'il aura renoncé au contrôle, il aura pris un risque sans tenir compte des avertissements réitérés du camionneur. On appelle cela un accident.

Eddie déteste la vie avec Florence et voudrait vivre avec Gwen, mais par certains côtés, Gwen ressemble à Florence. Toutes deux désirent un mariage rassurant, "normal", même si la norme n'est pas la même. Gwen choisit de se marier avec Charles à condition de garder sa liberté sexuelle et de ne pas coucher avec lui, tandis que Florence choisit de se marier avec son avocat, qui n'a rien de séduisant. Pour l'une comme pour l'autre, Eddie est l'homme, le seul véritable et pour l'une comme pour l'autre, il est l'impossible. Avec l'impossible, on ne se marie pas, on ne peut trouver aucun arrangement.

Il est tentant de comparer ce film à celui de Barbara Loden, épouse d'Elia Kazan entre 1967 et 1980 : Wanda. Il arrive à Wanda le même syndrome qu'à Eddie : la déligature d'Abraham. Elle quitte son mari, ses enfants, sa famille, sa ville, pour une liaison avec un braqueur dont la mort est inéluctable. Wanda, elle aussi, est une épouse impossible appelée par un "autre" qui lui ordonne de changer de vie ici et maintenant, tout de suite, sans condition. Elia Kazan a raconté les difficultés qu'il avait dans son couple avec Barbara. Et pourtant ensemble ils ont eu un fils et préparé ces deux films. Barbara voulait le rôle de Gwen, qu'Elia lui a refusé. Malgré l'échec de leur couple, ils n'ont jamais divorcé. Dans L'Arrangement comme dans Wanda, il arrive quelque chose qu'on pourrait résumer par la formule de Paul Celan : Die Welt ist fort. Un monde s'écroule, et rien n'est prévu pour la suite. Pourtant ni Wanda ni Eddie ne regrettent leur geste. La perte d'un monde est irréversible. Pour l'un comme pour l'autre, aucun monde viable ne vient colmater la brèche. Personne ne vient leur dire : Ich muss dich tragen. Barbara Loden mourra en 1980 d'un cancer du sein, tandis qu' Elia Kazan ne réalisera jusqu'en 1976 que deux films que la critique qualifie souvent de crépusculaires, avant d'arrêter complètement le cinéma.

Synopsis :

Evan Arness, dit Eddie Anderson, a tout pour être heureux : une luxueuse villa dans les beaux quartiers de Los Angeles, la réussite professionnelle (il a inventé un slogan qui fait vendre des cigarettes), une épouse aimante (Florence), une fille adoptée. Un jour pourtant tout craque. C'est lui-même qui provoque un accident de voiture dont il sort physiquement indemne, mais incapable de travailler. Muet pendant quelques mois, il ne cesse de penser à la liaison qu'il a eue avec une jeune femme, Gwen. Quand il récupère la parole, il se rend compte qu'il ne peut plus travailler dans son ancien métier. Il part pour New York où son père est affecté, dit-on, par une maladie dégénérative. Le symptôme semble analogue au sien : vouloir tout reprendre à zéro, saisir une seconde chance, recommencer la vie à nouveaux frais - mais tandis qu'Eddie veut tout changer, le père reste enfermé dans ses rêves d'enrichissement.

Or New York, à l'autre bout de l'Amérique, près d'Ellis Island où la famille d'Evangelos Topouzoglou dit Evan Arness dit Eddie Anderson a débarqué, c'est aussi là qu'habite Gwen. A Los Angeles, il refusait de quitter Florence pour elle, et à New York, c'est elle qui refuse de quitter Charles pour lui. Entre temps Gwen a eu un enfant, dont on ne saura jamais s'il est ou non le fils d'Eddie. Quoi qu'il en soit Eddie se révolte contre sa famille (sa sœur, son épouse Florence, sa mère aussi, muette comme il l'a été). Il fait sortir son père de l'hopital et revient vivre dans la vieille maison de bord de mer où il a grandi. C'est dur, il y a trop de souvenirs. Il se rappelle sa mère passive, effacée, son père autoritaire qui voulait l'empêcher de faire des études, les entreprises qui échouent.

Alors Florence débarque avec ses acolytes, son avocat, son psychiatre. Elle lui propose un "arrangement", qui revient en fait à le priver de tous ses biens, et à l'envoyer à l'hôpital psychiatrique, sauf s'il reprend la vie commune. Eddie refuse. Conséquence inéluctable : il se retrouve dans un asile dont il ne sort qu'à la mort de son père. Ses deux femmes, Gwen et Florence, sont présentes à l'enterrement du père. Eddie restera-t-il enfermé ou commencera-t-il une nouvelle vie, sans Florence ni Gwen? On ne le saura pas.

 


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