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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : En disant oui à l'inconditionnel | CinéAnalyse : En disant oui à l'inconditionnel |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 18 mars 2018 - |
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CinéAnalyse : en recueillant le testament d'une date | L'Horloger de Saint Paul (Bertrand Tavernier, 1974) - quand la mise en acte d'une justice inconditionnelle, non négociable, appelle une solidarité sans réserve |
CinéAnalyse : en recueillant le testament d'une date |
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Orlolivre : comment ne pas s'accommoder ? | Orlolivre : comment ne pas s'accommoder ? |
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CinéAnalyse : en érigeant le principe de justice | CinéAnalyse : en érigeant le principe de justice |
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C'est un film qui décrit, avec beaucoup de subtilité, le rapport entre un père et un fils, mais ce lien familial et social n'est peut-être que l'apparence des choses. Ce que Michel, l'horloger du Vieux-Lyon, découvre avec une certaine stupeur, c'est une autre dimension de son fils à laquelle il ne peut pas faire autrement que de se rallier. Ce n'est pas une question d'amour ni d'affect, c'est une question plus grave, une question de justice dont toute considération passionnelle (pathologique dirait Kant) est écartée. Ou disons-le plus clairement : en 1973, plus d'une décennie avant Derrida, Bertrand Tavernier avait démontré, exemplairement, qu'au-delà de la justice ordinaire il y avait une autre justice, inconditionnelle. C'est cette inconditionnalité que ni la presse, ni les médias, ni les politiques quels qu'ils soient ne peuvent appréhender. Ils accusent Bernard de "gauchisme", mais Bernard n'est pas impliqué dans ces querelles. Il n'a pas tué par calcul politique, mais pour autre chose de plus indéfinissable Bertrand Tavernier insère des séquences qui semblent n'avoir aucun rapport avec le récit. Avant le générique, un train passe à travers Lyon. Une petite fille scrute le paysage [dans la vraie vie elle se nomme Tiffany et c'est la fille de Bertrand Tavernier]. Elle ne sait pas que cette voiture qui brûle est l'un des nœuds de l'histoire. On mange, on marche, on échange des blagues, une moto passe à toute allure dans le quartier Saint-Paul, on écoute la radio. Ces détails sont comme des fragments de réel, des avertissements qui surgissent. Ils n'ont pas de justification, pas de raison d'être, eux aussi sont inconditionnels. On n'arrête pas de manger dans le film, mais Michel n'a pas faim, il s'abstient de manger, comme pour souligner les silences et les non-dits. C'est comme si son corps s'était arrêté pour laisser place à quelque chose de plus fort, de plus abstrait, pour lequel il n'a pas de mots. C'est ce quelque chose d'inconnu, concret mais sans consistance, qui le fait sourire dans le dernier plan, quand, sous le soleil, il longe la prison où son fils, auquel il a enfin pu parler, est enfermé. |
Le fils enseigne au père, et le père accepte cet enseignement. Le verdict n'est pas celui de la cour d'assises, c'est celui de Michel qui répète : Je suis entièrement, totalement solidaire de mon fils, avant de sortir du tribunal au milieu des ouvrières de l'usine. Ce n'est pas l'acquittement d'un père, c'est le témoignage de celui qui a rencontré une autre justice. La caméra se fait alors lévinassienne pour le filmer en contre-plongée, un plan qui souligne sa hauteur. Il aura fallu, pour que cet homme modeste montre sa grandeur, une inversion. Il accepte l'héritage de son fils.
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Le film est politiquement daté. Le meurtre a eu lieu la nuit des élections législatives, le 11 mars 1973. Des décennies plus tard, le gauchisme comme tel n'a plus d'existence politique dans la même configuration, mais il a des héritiers. Pour faire émerger la dimension testamentaire du film, on peut comparer cette date à d'autres dates. Le 22 septembre 2017, L'horlogerie de Saint-Paul, une boutique installée rue Juiverie, tout près du magasin qui a servi de décor au film (4, rue de la Loge), a été vandalisée, la vitrine brisée par une dizaine d'impacts - coups de marteaux ou jets de briques imitant les boules de pétanque du film auquel le propriétaire, Philippe Carry, tient à rendre hommage. Les "identitaires" ont revendiqué l'agression, avec d'autres groupes d'extrême-droite implantés dans le quartier. Les associations culturelles du Vieux Lyon, la MJC et la Maison des passages, sont régulièrement la cible de ce genre d'attaques ou d'intimidations. L'enjeu a certes changé, c'est devenu en 2017 ce qu'on nomme la "diversité". Le quartier autrefois délaissé est devenu touristique, tandis que les nervis ne s'en prennent plus aux ouvrières, mais aux immigrés et à tout ce qui ressemble à une culture ouverte sur l'autre. Mais l'exigence inconditionnelle d'hospitalité et de justice ne change pas. C'est cette exigence même qui suscite la haine et la violence. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 1974.TA.VER IncondOeuvrerDK.LKI CineDateHL.LKD ArchiOeuvreDeconsAI.LLK IncondEparDH.KKJ zm.Tavernier.1974 Rang = zytavernhorlogerGenre = MH - NP |
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