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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : En attendant l'"Apocalypse" | CinéAnalyse : En attendant l'"Apocalypse" |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 16 janvier 2018 - - |
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CinéAnalyse : Sur les figures du mal radical | Mother! (Darren Aronovski, 2017) - Un Christ déjà mort, sacrifié avant même sa naissance, anéantit l'avenir |
CinéAnalyse : Sur les figures du mal radical |
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CinéAnalyse : où dette, faute, culpabilité sont chrétiens | CinéAnalyse : où dette, faute, culpabilité sont chrétiens |
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CinéAnalyse : en jouant du sacrifice | CinéAnalyse : en jouant du sacrifice |
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Essai : dette, économie, anéconomie | Essai : dette, économie, anéconomie |
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On assiste avec ce film à l'une des parodies les plus violentes du christianisme qu'on puisse imaginer, qui reprend en les recombinant différents récits bibliques. Son titre initial, avant Mother!, était Le sixième jour - celui de la création de l'homme et de la femme à l'image de Dieu. Les deux personnages principaux sont Lui, et Mère. Lui [Dieu] est un poète en mal d'inspiration, mais qui finira, grâce à Mère, par écrire un livre qui fascinera les foules [Evangiles]. Mère est une jeune femme amoureuse de Lui. C'est la gardienne de la maison, qu'elle rénove et embellit. Elle est naïve, manipulée jusqu'au bout [la Vierge]. Il n'arrive pas à écrire, et n'arrive pas non plus à baiser. Il s'ennuie aussi, et invite des étrangers sans le consentement d'Elle [Abraham]. Il en résulte la pire figure de l'hospitalité : les invités s'installent dans leur maison, méprisent Mère et font des dégâts. Leurs deux fils se disputent à propos du testament de leur père [l'Ancien et le Nouveau, théologie de la substitution]. L'un des frères tue l'autre [Caïn et Abel]. Mère reste soumise à Lui, elle est en colère mais l'aime toujours. Il la met enceinte non par désir, mais par devoir [Joseph sans colombe]. Quelques mois passent, pendant lesquels il écrit et fait publier un livre (en la tenant à l'écart). Quand elle accouche, c'est le pire qui arrive, une horrible Apocalypse. La foule des adorateurs envahit la maison. Lui vole son bébé à Mère et en fait don à la foule (crucifixion) - qui le met en morceaux et se l'incorpore (l'hostie). Elle est désespérée. Dans l'incendie provoqué par la foule, elle est brûlée (le bûcher), mais au moment de sa mort, il réussit à récupérer dans son cœur un diamant qui avait été brisé par les étrangers/invités. Devenu une sorte de gourou, un chef des démons, il a ce qu'il voulait : la célébrité. En sacrifiant la jeune femme, il a récupéré sa propriété et est devenu le chef d'un rituel, d'une église [comme le Christ]. Avant même le générique, le film commence par une inscription : Protozoa, et avant même le titre, il commence par le visage de Mère couverte de cendres, dans l'incendie de sa maison, anonyme comme elle le restera jusqu'au bout. Mère nous regarde, nous les spectateurs, droit dans les yeux, avec insistance, avant son dernier clin d'œil (qui est aussi le premier), puis vient le titre, suivi d'un point d'exclamation, avant le plan suivant qui le montre, Lui l'écrivain, en extase devant son diamant, dans une maison déjà brisée en un kaléidoscope qu'on retrouvera à la fin du film. Il faut tout cela, avant que le film ne commence, pour que Mère se réveille solitaire dans son lit, avant qu'elle n'appelle un bébé qui n'est pas encore né (Baby, lui aussi anonyme). Inquiète dans la maison immense, elle se rend dans la cuisine vide, elle traverse l'obscurité, elle cherche quelqu'un dans la prairie. Il n'y a personne, mais il est derrière, Lui, et il lui fait peur. Elle voudrait qu'il l'embrasse, qu'il lui fasse l'amour, mais il se défile, et il continuera à se défiler quand arriveront les visiteurs qui, eux, ne sont pas anonymes. C'est alors qu'on est confronté aux apories de l'hospitalité. Deux fois, une foule arrive et s'empare de la maison. Lui accueille cette foule, il l'autorise, tandis qu'elle, elle est terrorisée. Lui, il accepte inconditionnellement la venue de l'autre, condition de son écriture, tandis qu'elle, elle voudrait mettre des conditions. Mais ils ne lui demandent pas son avis, ils arrivent. |
Le sacrifice de Baby - divinisé et incorporé par la foule avant même de recevoir un nom.
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Le film provoque des réactions très contrastées : entre l'hostilité, le mépris, la haine et l'admiration. Ce film est-il un fiasco, comme le soutient la majorité de la critique francophone, ou un chef d'œuvre, comme le croient certains critiques? On ne tranchera pas, ce sera pour chacun une profession de foi. Pour les uns, c'est un film d'horreur; pour d'autres, une comédie. C'est un film intime sur la vie d'un couple et en même temps un film de guerre jusqu'à l'absurde. On revient sans cesse au beau visage de Mère filmé en gros plan, on partage son angoisse, sa détresse et sa stupéfaction, et dans le même temps sa maison est l'allégorie d'un monde soumis à des forces inconnues. Le film est absolument imprévisible, irréductible à aucun genre. On peut l'interpréter à différents niveaux, sans qu'aucun ne puisse prévaloir. Cette incertitude, qui affleure à chaque instant, contraste avec sa circularité. Des actions ridicules (pourquoi peindre la maison?) semblent gouvernées par un rituel précis. Des personnages sympathiques se transforment en meurtriers (l'éditrice). Parfois la foule suit des leaders, d'autres fois le chaos semble absolu. Dans ce film sans musique, tous les moyens visuels et sonores inventés par le cinéma sont mis en œuvre pour perturber le spectateur; dans ce film sur l'amour, l'amour est méthodiquement détruit. Ce qu'Elle aime en Lui, c'est son Bébé. Ce qu'il aime en elle, c'est son diamant, qu'il finit par récupérer littéralement dans son cœur. Lui manipule son amour, en sacrifiant d'abord son Bébé, puis Elle. Il est le poète, l'écrivain, mais son égoïsme absolu est mis au service d'un récit religieux. L'absurdité des scènes se transforme en téléologie. Les événements les plus irrationnels, incompréhensibles, conduisent à un aboutissement inéluctable, déjà inscrit dans la première image du film. Au final, faut-il en dire quelque chose? Faut-il prendre le risque d'une formule archi-réductrice, comme celle que j'ai risquée dans la proposition ci-dessus? Ou partir des racontars de la presse, qui fait remarquer que le réalisateur (Darren Aronofsky) a le même âge que l'acteur (Javier Bardem, 46 ans), c'est-à-dire presque 20 ans de plus que l'actrice (Jennifer Lawrence, 27 ans), avec laquelle il a formé un couple pour la durée du film? Le faux Dieu et la fausse Vierge auraient rompu à cause de certaines critiques négatives, mais le film reste. Ce pitch rédigé, parait-il, en cinq jours, peut aussi être interprété comme une allégorie du changement climatique ou de l'Apocalypse qui menace notre monde (notre maison). En tant que communauté mondiale, nous aurions toutes les raisons de nous identifier à Mère, dont le visage occupe paraît-il les 2/3 du film, qui ne pense qu'à repeindre la maison de jolies couleurs alors que d'innombrables figures du mal ont déjà envahi sa petite propriété. Elle inspire dit-on l'œuvre du poète, ce dérisoire bout de papier, ce chef d'œuvre inconnu dont le contenu nous est toujours dissimulé, qui n'est que le prétexte dérisoire d'un déchaînement déjà programmé. Nous sommes la génération sans avenir, celle dont les descendants sont déjà sacrifiés. Si le poète est un dieu, c'est un dieu qui ne vit qu'au présent, dans une jouissance destructive. Il n'attend rien de vivant ni d'inattendu de sa création, mais seulement la récupération de son bien, l'extase devant la beauté du diamant minéral. La morale de l'histoire, s'il en est une, c'est que le mal ne répond pas, et qu'on ne peut pas lui répondre. Le film est une dénonciation à la fois terrible et irresponsable. Son secret, c'est que c'est dans la non-réponse, à partir de la non-réponse, qu'autre chose pourrait survenir (peut-être). Il faut pour cela que se brise l'alliance mortifère, le système clos formé par une Trinité démoniaque (le Père, le Fils sacrifié et le Mal radical). Or justement, c'est une chance : l'alliance est déjà brisée. Mais pour qu'un autre avenir ressurgisse, il faudrait aussi une promesse. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 2017.AR.ONO CinemaAvenirHF.LLK MelissaVaccinVD.LKJ CineChristTM.MML CineSacrificeMJ.MMP SacriSacrificeGM.LML zm.Aronovski.2017 Rang = YAronovskyMotherGenre = MK - NP |
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