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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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CinéAnalyse : En disant "Je suis mort" | CinéAnalyse : En disant "Je suis mort" |
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Sources (*) : |
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 14 septembre 2017 - |
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Orlolivre : comment ne pas se dire : "Je suis mort" ? | 120 battements par minute (film de Robin Campillo, 2017), une tragédie hétéro-thanato-graphique : "Tu es en deuil de toi-même, il faut que je te porte" |
Orlolivre : comment ne pas se dire : "Je suis mort" ? |
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CinéAnalyse : le deuil impossible | CinéAnalyse : le deuil impossible |
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CinéAnalyse : il faut que je te porte, dans l'être | CinéAnalyse : il faut que je te porte, dans l'être |
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CinéAnalyse : en donnant corps à un pas - au - delà de l'être | CinéAnalyse : en donnant corps à un pas - au - delà de l'être |
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Un film spectral, désespéré. Je suis déjà mort semblent-ils dire, et dans leurs protestations, tout se passe comme s'ils dénonçaient cette mort et non pas ceux auxquels ils s'en prennent. Mitterrand assassin, proclament-ils, comme s'il fallait absolument un coupable. Pour cette communauté Act Up, la question qui se pose avec une terrible acuité, c'est : "Qui est l'ennemi?" Comme ils ne peuvent pas manifester contre leur véritable ennemi (le virus), ils combattent les fonctionnaires, les chercheurs et les policiers à coups de slogans tueurs, de sacs de sang et de manifestations posthumes où s'exhibent les convois mortuaires et les cercueils. En multipliant les simulacres de contamination, ils se vengent sans tuer personne. Paradoxalement, leurs plus grands ennemis, ce sont ceux qui seront peut-être capables, demain, plus tard, de guérir d'autres malades (quant à eux, ils font semblant d'avoir un peu d'espoir). Au fond d'eux-mêmes ils sont égoïstes, ils ont envie de vivre et l'idée de se battre pour d'autres les dégoûte. Ils savent qu'ils n'ont pas d'autre choix qu'un deuil anticipé d'eux-mêmes, la tâche la plus rebutante, la plus absurde, la plus impossible qu'on puisse imaginer. On se souvient d'un mort, on essaie de le faire survivre en nous, on s'identifie parfois à lui ou à l'un de ses traits. Mais comment, en présence de soi-même, se souvenir de soi-même disparu? Il aura fallu que ces jeunes gens aient la capacité héroïque de soutenir cette étrange contradiction. On dit que la mort est impossible, car ce sont toujours les autres qui meurent. Mais voici des jeunes gens qui doivent vivre avec cette monstruosité : ma mort est possible. Et le pire, c'est que bien qu'elle soit déjà passée, je ne suis ni un revenant, ni un fantôme, ni un survivant. Si le monde n'a plus à s'écrouler, s'il n'est déjà plus qu'un semblant, une comédie, voilà ce que je suis : un acteur, et voilà pourquoi 120 battements par minute, ce film au rythme double, est aussi un film sur le cinéma. |
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Ce film peut être l'occasion d'explorer le concept derridien d'hétérothanatographie. 1. Le film est autobiographique, puisque Robin Campillo raconte sa propre histoire par le biais de Nathan. Didier Lestrade, premier président d'Act Up-Paris, est représenté par Thibault, tandis que le personnage de Sean est inspiré par Cleews Vellay, mort du SIDA en 1994, à l'âge de 30 ans (et dont les cendres ont effectivement été jetées sur les petits fours, lors d'un banquet des assureurs). Le réalisateur nous fait le récit de sa propre mort, qui n'a pas eu lieu, mais dont le film tient lieu. 2. Hétérothanatographie et autobiographie sont indissociables. Le même Nathan, qui a échappé au SIDA grâce à une abstinence sexuelle de quelques années, s'identifie à son compagnon. Il aime Sean, il est amoureux de lui, sa franchise, sa fragilité, sa révolte, son désespoir, son plaisir, et le cinéaste l'aime aussi. Ecrire la mort de l'autre est l'acte hétérothanatographique par excellence, mais la fiction ne suffit pas car tout film est par essence une hétérothanatographie, c'est un crime d'amour. 3. La perte de l'être aimé, c'est déjà sa propre mort. Il s'agit, dans l'hétérothanatographie, de faire de cette mort de soi-même la mort d'un autre. Il n'y a pas que l'autre qui soit déjà en deuil de lui-même, il n'y a pas que l'autre qui soit déjà commentateur posthume de sa propre disparition, il y aussi moi. Bien que je ne sois pas atteint par le SIDA, je suis atteint par la certitude de la mort. Je n'ai pas besoin de cette maladie pour commencer le deuil de moi-même. Il en est de même pour le réalisateur. Vingt ans plus tard, il s'étonne encore de sa survie. J'aurais déjà dû mourir, et je suis coupable et comptable de ce retard, de ce décalage hasardeux. 4. Si je soutiens l'autre en deuil de lui-même, si je le porte, ce n'est pas par dévouement ou générosité, c'est par désir. Nathan désire Sean, il s'identifie à Sean dans son désir, et le souvenir qu'il en aura, le souci de prolonger son monde, ce sera aussi la mémoire de son désir. Il n'y a pas de désir sans nostalgie. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films ProMort GE.LEG CinemaChrono2017.CA.MPI ProjCinemondeDM.LJM CineDeuilEE.LEE EthiqueEparCM.LLM PasDelaEparCP.LML zm.Campillo.2017 Rang = YCampillo120batGenre = MH - NP |
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OrloDecons 2020 : hétéro-thanato-graphie OrloDecons : Je suis mort |